Petit guide pour maintenir une communication d’impact avec les élus

C’est le début d’une toute nouvelle partie d’échecs. Après la formation du nouveau conseil des ministres, le défi pour n’importe quel groupe d’intérêt, c’est maintenant d’établir ou de maintenir un dialogue avec le gouvernement du Québec. Comment garder ouvert un canal de communication avec les élus?

Dans les affaires publiques et gouvernementales, il n’existe aucune stratégie one size fits all pour parler et pour influencer les décideurs. Soyons clairs : les mêmes actions ne donnent pas les mêmes résultats.

Comment manœuvrer dans le contexte politique actuel et comment communiquer avec efficacité avec les décideurs? Voici 5 actions à poser dès maintenant pour maintenir une communication soutenue et d’impact avec les élus :

1) Identifiez et interpellez les principaux élus concernés par vos enjeux

La joute politique est complexe et rassemble plusieurs acteurs politiques. Les élus n’ont pas tous les mêmes responsabilités et le même agenda. Ne vous contentez pas de miser sur le ministre responsable de votre dossier. Identifiez l’ensemble des élus et leur entourage qui pourraient être impliqués par la nature de vos enjeux : le Cabinet du premier ministre, les ministres régionaux, le personnel des cabinets politiques, les adjoints parlementaires, les députés d’arrière-bans, les critiques de l’opposition, etc.

Identifiez les bonnes personnes avec lesquelles vous devez dialoguer. Et ultimement mettre de la pression. Ce « maping gouvernemental » comme on l’appelle vous permettra d’être plus efficace comme dirigeant dans vos représentations et de ne pas vous éparpiller.

Par exemple, si votre dossier touche l’éducation, ne vous contentez-vous pas d’établir un dialogue avec le cabinet du ministre de l’Éducation. Interpellez tous les élus susceptibles de vous aider à porter votre message et vos enjeux autant à l’Assemblée nationale que dans les médias.

2) Cherchez les alliés naturels pour mettre de la pression

 La communication avec les élus n’est pas toujours bidirectionnelle. D’autres acteurs ou groupes d’intérêt gravitent autour du gouvernement et tentent de l’influencer avec leurs propres enjeux. Parfois, leurs enjeux sont vos enjeux.

Cherchez les alliés naturels, les autres organisations ou les groupes d’intérêts qui pourraient vous appuyer publiquement dans vos représentations ou s’allier avec vous pour mener à terme le dossier.

Bien sûr, il est fort possible qu’un dossier particulier n’ait pas l’envergure d’engendrer une prise de position du Conseil du Patronat ou de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Mais avez-vous ciblé d’autres alliés potentiels, que ce soit sur le plan régional ou sectoriel, qui peuvent vous aider à mettre de la pression sur le politique?

Les enjeux politiques sont complexes. Par exemple, un dossier en santé mentale aura un impact sur un ensemble d’acteurs : les familles et les proches, les médecins psychiatres, les infirmières spécialisées, les policiers, les juges, etc. Vous ne pourrez peut-être pas toujours faire une mise en marché efficace de votre enjeu si vous le portez seul. Cherchez les alliés et au besoin concertez-vous pour exercer une saine pression sur les élus. Si vous êtes la seule organisation à « crier » dans les médias, vos revendications risquent potentiellement d’être moins prises au sérieux par les décideurs concernés.

3) Félicitez les élus et demandez une rencontre

La courtoisie, c’est de féliciter un élu pour ses nouvelles fonctions. Si ce n’est pas déjà fait, prenez le soin d’adresser une lettre de félicitations au nouveau ministre de votre dossier ou à votre député et profitez-en pour lui demander une rencontre.

Il est fort probable que vous n’aurez pas de rencontre avec l’élu visé à brève échéance, mais vous aurez assurément un suivi du conseiller politique responsable de votre dossier. Ce sera pour vous l’occasion d’établir un premier contact et de vous faire connaître. Ne l’oubliez jamais : il est plus important de développer une relation avec « votre » conseiller politique que de rencontrer le ministre à tout prix pour une rencontre de courtoisie.

Dans cette lettre de félicitations au ministre, prenez soin de présenter votre organisation, qui vous représentez, et faites la démonstration de votre impact. Votre enjeu doit devenir l’enjeu de l’élu sollicité. Tentez de tirer votre épingle du jeu dès cette première communication.

4) Soyez proactif et servez-vous des médias pour positionner vos enjeux

Les journalistes recherchent les histoires d’intérêt public. Une couverture médiatique avec un enjeu public entraîne un effet domino. C’est souvent l’opposition qui mettra d’abord la pression sur le ministre pendant la période de questions à l’Assemblée nationale et dans des blitz médiatiques. Le ministre interpellé est ensuite obligé de réagir et de s’engager sur les gestes qui seront posés.

Votre enjeu est-il d’intérêt public? Est-ce une histoire pertinente pour les médias? Votre enjeu donnera-t-il de l’appétit aux journalistes de la colline parlementaire qui suivent les élus de l’Assemblée nationale?

« Malheureusement, la réalité est la suivante : si le sujet n’est pas dans la revue de presse, ce n’est pas urgent et ce n’est pas un dossier sur le dessus de la pile », répète souvent mon partenaire Steeve LeBlanc, un ancien directeur de cabinet.

Si vous êtes présent dans les médias, vous serez lu, entendu et parfois même craint! Votre défi : choisir le bon timing médiatique, adopter le bon positionnement, véhiculer les bons messages, viser les bonnes cibles politiques, les ingrédients clés d’une communication d’impact.

5) Soyez alerte pour saisir les opportunités médiatiques

L’actualité regorge d’opportunités. Il suffit de rester alerte en effectuant une veille stratégique. Avec votre organisation, vous ne serez pas toujours ceux ayant initié une sortie médiatique, mais vous avez toujours la possibilité de réagir, de répondre et de positionner vos propres enjeux. Bref, surfer sur la nouvelle des autres pour faire parler de vous et/ou défendre vos membres.

Saisir les opportunités, ça ne signifie pas attendre 72 heures. Si un article de La Presse est publié tôt le matin concernant votre secteur d’activité, vous avez au maximum de 3 à 6 heures pour réagir dans les médias. La question est toute simple : pouvez-vous réagir rapidement et être pertinent? Si oui, comment?

Une prise de conscience pour les groupes d’intérêt

En terminant, la formation du nouveau gouvernement de François Legault devrait être une occasion de faire une prise de conscience pour votre organisation sur les bons gestes à poser dans vos démarches gouvernementales et dans les médias.

La sphère politique est effervescente et imprévisible. Il y a ce que vous voyez dans les médias et ce que vous ne voyez pas : les jeux de coulisses, les orientations ministérielles et les ambitions politiques. Dans ce contexte, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des spécialistes qui connaissent l’environnement médiatique et gouvernemental.

Cet univers, pour l’avoir vécu de l’intérieur, est complexe. C’est un monde en soi et il faut le connaître pour bien naviguer.

 

*Ce texte a été écrit en collaboration avec le stratège Steeve LeBlanc de Pragma Stratégies.

 

David Couturier