L’effet boomerang avec les journalistes

Fait vécu de ma carrière de journaliste. Il y a quelques années, mon affectateur m’avait envoyé rencontrer un couple, parents d’un bébé trisomique, sérieusement malade. Avant même que je me rende sur place, nous avions une bonne idée de l’histoire à raconter.

La petite famille, à faibles revenus, vivait dans un minuscule appartement et avait peine à subvenir aux besoins de leur petit garçon âgé de quelques mois seulement. Ce dernier souffrait d’hypertension pulmonaire. Il devait être sous oxygène en plus d’être surveillé 24 heures sur 24. Les parents, abattus et fauchés, demandaient de l’aide…

Ce matin-là, le couple m’avait accueilli à bras ouverts dans leur appartement. Deux choses ont retenu mon attention durant les 30 premières secondes. Le père était visiblement heureux de nous voir sur place et très accueillant. Peut-être trop. Et dans le salon, quelle ne fut pas ma surprise de voir trôner une télévision neuve avec écran 50 pouces…

Je vous fais une confidence. J’ai eu un doute. J’ai éprouvé un énorme malaise. Avant même que cet homme et cette femme me racontent leur histoire, je les avais déjà jugés. Quand on a un enfant malade et qu’on demande de l’aide (souvent financière), on commence par liquider ce qui a de la valeur dans la maison. C’était mon raisonnement personnel et ça l’est encore!

À ce moment précis, mon intuition me disait que quelque chose ne tournait pas rond dans cet appartement. Cependant, le petit garçon malade méritait qu’on parle de lui. J’étais davantage sympathique au petit bonhomme qu’aux parents. J’ai donc décidé d’aller de l’avant…

Nous avons donc fait l’entrevue, pris des images du petit et quitté l’appartement. Le soir même, ce fut un reportage très touchant au bulletin de nouvelles. Par la suite, une collecte de fonds s’est organisée dans le quartier pour soutenir cette famille. Des milliers de dollars avaient été amassés.

Moins d’un an plus tard, un collègue qui avait pris le relais de l’histoire, a fait un suivi. Coup de théâtre! La SQ enquêtait, à la suite d’une plainte de la conjointe, sur un détournement de fonds de l’argent qui avait été amassé pour aider la famille.

Le suspect, c’était le père. Selon sa conjointe (devenue ex-conjointe), ce dernier s’était servi de l’argent amassé pour son bénéfice personnel. Une fraude à l’endroit de son fils malade. Une histoire révoltante, mais du bonbon pour les médias.

C’était inusité de voir le père se justifier à sa descente d’avion à l’aéroport… Et justifier qu’il revenait d’un voyage dans le sud…

Au départ, l’histoire, c’était celle d’une pauvre famille dans le besoin avec un petit garçon sérieusement malade. L’histoire est devenue celle d’un père de famille qui s’est servi de son fils malade pour détourner de l’argent…

Finalement, aucune accusation n’a été portée contre le père en question. Cependant, des gens, qui avaient aidé cette famille, ont gardé un goût amer de leur expérience.

Je vous partage ce fait vécu pour deux raisons.

Premièrement, si vous vous servez des médias, l’effet boomerang se fera sentir un jour ou l’autre. Si vous aimez les caméras, les journalistes deviendront méfiants et seront subitement motivés à en apprendre sur vous, à fouiller votre passé…

Deuxièmement, vous devez faire preuve d’honnêteté lorsque vous faites affaires avec les médias. Que ce soit pour une histoire qui vous implique personnellement ou dans un cadre professionnel, vous devez présenter les choses telles qu’elles sont. Ne cherchez pas à manipuler les faits. N’essayez pas de déformer la réalité. Les médias le découvriront un jour ou l’autre. Et le retour du boomerang risque de vous frapper en plein visage…

 

À propos de David Couturier 

David Couturier dirige David Communication, une entreprise spécialisée dans les relations médias, les stratégies et la gestion de crise.

Ex-journaliste et porte-parole expérimenté, David Couturier possède 11 ans d’expérience en communication au Québec. Il a été journaliste pour le réseau TVA pendant 5 ans à Rivière-du-Loup, Québec et Montréal. Par la suite, David Couturier a occupé la fonction d’attaché de presse pendant 4 ans, d’abord auprès du ministre de la Sécurité publique puis ensuite auprès du ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement.

Chaque jour, David Couturier n’a qu’un objectif : aider ses clients avec des stratégies efficaces leur permettant de se démarquer, quel que soit leur défi.

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