Campagne électorale et timing médiatique : ce que vous devez savoir

Capture d’écran, Compte Twitter officiel du premier ministre François Legault

« Est-ce que la campagne électorale représente un bon ou un mauvais timing ? »

Cette question, on me la demande à répétition depuis le début de l’été. Des entrepreneurs me l’ont posé, soucieux de promouvoir leur entreprise sur la place publique ou une initiative au bon moment. Des dirigeants de regroupements et d’organismes me l’ont aussi demandé, préoccupés de ne pas « s’auto-pelure-de-bananiser » avec les médias et de ne pas nuire à leurs démarches politiques avec le gouvernement.

Ce dimanche 28 août, le premier ministre François Legault déclenchera la campagne électorale tant attendue au Québec, une campagne qui est déjà commencée si l’on regarde l’hyperactivité des chefs de partis depuis le retour des vacances. Pendant plus de 30 jours, plusieurs organisations et entreprises auront le réflexe de vouloir mettre sur la glace toute opération médiatique et attendre au 4 octobre prochain. D’autres, plus motivées, verront la campagne électorale comme le Saint-Graal, l’occasion tant rêvée de mettre de la pression sur les partis politiques, tout en ayant de la visibilité.

Quelle est la bonne voie à suivre? Ça dépend!

Une campagne électorale, ce n’est pas nécessairement le meilleur timing pour attirer l’attention des médias. La campagne électorale vient complexifier toute opération médiatique qui n’a rien à voir avec les promesses des candidats.

C’est d’abord une question de temps d’antenne, comme me l’avait expliqué il y a quelques années le journaliste Alain Laforest de TVA. Prenez un bulletin de nouvelles télévisé de 30 minutes et enlevez la publicité : il reste environ 22 minutes de temps d’antenne. Si dans ce même bulletin de nouvelles, trois reportages et une analyse couvrent la campagne électorale pour une durée de 12 minutes et que vous tenez compte des sports et de la météo, il ne reste plus beaucoup de place pour d’autres nouvelles de l’actualité. C’est mathématique : un bulletin télé « amputé » par les promesses électorales des partis politiques vient court-circuiter les possibilités d’exposure médiatique. La même logique s’applique aux émissions de radio et aux journaux, autant en version papier que numérique.

Mais rien n’est impossible, dépendamment du sujet que vous voulez médiatiser. C’est possible d’attirer l’attention des médias pendant la campagne électorale. Personnellement, je n’aime pas la stratégie « d’attendre les deux pieds sur le pouf ». Nous devrions toujours rester à l’affût des opportunités. Parce qu’il y en aura toujours. Voici ce que vous devez retenir :

  • Premièrement, l’intérêt des médias décroit après la première semaine de campagne et plus les jours avancent. Les journaux, les télés et les radios continuent de couvrir assidûment les promesses électorales, mais le reste de l’actualité reprend progressivement sa place.
  • Deuxièmement, la campagne électorale est une occasion bien réelle de vous inscrire dans l’actualité comme entrepreneur ou comme organisation. C’est une opportunité de défendre un enjeu stratégique pour la continuité de vos affaires, d’interpeller les différents partis politiques et de créer un débat public. C’est particulièrement vrai en région où les médias cherchent la nouvelle.

Nous savons déjà que l’inflation, l’éducation, la santé et la rareté de main d’œuvre seront des enjeux de la prochaine campagne électorale. Pouvez-vous intervenir sur la place publique et interpeller les candidats? Êtes-vous en mesure d’effectuer une sortie médiatique percutante et bien documentée, forçant même les chefs de parti et/ou les candidats à réagir? Si une promesse d’un parti politique a un impact pour vos membres, pourquoi attendre avant de réagir? Prenez la balle au bond!

Plusieurs moyens de communication existent pour être bien entendu. Par exemple, une lettre ouverte médiatisée peut faire réagir, engendrer des demandes d’entrevue dans des émissions de radio et être lue par les candidats eux-mêmes. Ou pourquoi ne pas contacter le dernier recherchiste avec qui vous avez été en contact pour lui rappeler que vous pouvez commenter?

Si vous donnez des munitions aux journalistes pour questionner les chefs de partis ou les candidats en région, les médias s’intéresseront à vous. Si vous provoquez le débat avec une situation ou un enjeu, vous aurez du temps d’antenne. Et si vous n’en avez pas, votre enjeu pourrait tout de même servir de prétexte pour alimenter les discussions à la radio.

Ne l’oubliez pas : une bonne histoire dans les médias, ça reste une bonne histoire. Au-delà du timing, c’est le storytelling, l’histoire que vous racontez, qui compte.

Avec la congestion des nouvelles pendant la campagne, l’idée n’est pas de viser une couverture médiatique mur à mur, mais d’être présent dans les médias de façon stratégique.

Et soyons clairs : le timing médiatique parfait n’existe pas. Campagne électorale ou non, il y a toujours des opportunités d’accrocher les médias et d’attirer l’attention des journalistes sur des sujets d’intérêt public.

N’hésitez pas à vous faire bien accompagner, d’avoir un pas de recul, d’être créatif dans vos démarches et restez alerte sur tout ce qui se dira pendant la campagne électorale.

 

David Couturier