Le karaté et vos relations publiques : même combat

« Justin, est-ce que tu veux faire du karaté cet automne? Les cours commencent bientôt. »

« Oui, mais papa, j’aimerais ça en faire avec toi ! »

C’était au début septembre. Mon fils Justin, karatéka de 6 ans et ceinture jaune, était prêt à poursuivre ses cours de karaté… mais voulait cette fois-ci que son père l’accompagne.

J’avais un choix à faire. Soit je restais debout à chaque cours à le regarder et à patienter pendant une heure, soit j’enfilais moi aussi le kimono pour pratiquer avec lui le karaté dans une formule parent-enfant. Devinez quoi? J’ai accepté… et je me suis fait prendre à mon propre jeu.

En quelques semaines seulement, le karaté est devenu pour moi une nouvelle passion. Le karaté inspire avec ses valeurs axées sur le contrôle de soi, la concentration, la discipline, la rigueur et l’effort.

Fait inusité : si vous pratiquez le karaté, vous développerez aussi les habiletés nécessaires pour vous aider à réussir dans votre vie professionnelle et particulièrement dans vos relations publiques ainsi que vos communications stratégiques.

Comment? Voici 5 raisons pour lesquelles le karaté vous guidera dans vos communications et l’image que vous projetez.

1) Avant de passer à l’attaque, vous devez savoir vous défendre.

Contrairement à la boxe, le karaté n’a pas pour but d’affaiblir votre adversaire et de le mettre K.O. Au contraire, le karaté est un art martial qui sert d’abord à vous défendre de toute attaque. Vous devez voir venir les coups, anticiper chaque mouvement de l’adversaire et réagir avec rapidité. Le karaté ne repose pas sur la force déployée, mais plutôt sur la vitesse et sur la précision des coups portés.

C’est la même chose pour les relations publiques de votre organisation, que vous soyez à la tête d’une PME, d’une association professionnelle de membres, d’un syndicat ou d’un organisme communautaire.

Oui, dépendamment de votre enjeu, vous aurez toujours l’opportunité de passer à l’attaque en organisant une sortie médiatique proactive, c’est-à-dire à l’offensive. Cependant, vous devez d’abord savoir vous défendre et faire preuve d’agilité avec les médias. Et j’inclus vos adversaires, ceux qui prennent la parole sur la place publique pour vous critiquer, pour attaquer votre argumentaire ou pour nuire à l’image de votre organisation.

Lorsqu’un client me parle de son intention de solliciter les médias, je le mets systématiquement en garde. Quand on veut attirer l’attention des médias, on accepte de se rendre vulnérable. On se rend disponible pour les médias par la suite, peu importe les circonstances (et les nouvelles dans l’actualité).

Bref, si vous « poussez » un dossier sur la place publique dans le but d’engendrer une couverture médiatique favorable, vous devez accepter que les médias vous solliciteront ensuite pour tout enjeu en lien avec votre entreprise, qu’il soit lié de près ou de loin à votre sortie médiatique. Par exemple, lorsque Donald Trump a pris le pouvoir aux États-Unis, plusieurs PME au Québec ont été contactées par les médias. Les journalistes cherchaient à faire commenter des chefs d’entreprises sur les répercussions dans leurs PME, les impacts économiques potentiels pour l’économie canadienne et le sort réservé aux exportations à court et moyen terme.

Êtes-vous prêts à faire face à la musique quand ça va bien, mais aussi quand ça va mal? Mettons une chose au clair : les médias redonnent signe de vie surtout quand ça va mal.

Si vous n’êtes pas prêt à répondre aux questions des médias ou à des allégations sur la place publique, comment vous assurerez-vous de bien véhiculer votre message? Comment serez-vous convaincu que l’image projetée de votre organisation sera la bonne?

En sollicitant les médias, oui, vous réussirez votre sortie médiatique à l’offensive. Cependant, vous risquez « de vous planter » lorsque ces mêmes médias reviendront à la charge pour vous faire réagir sur un autre enjeu. Et, en passant, les journalistes appellent souvent quand on s’y attend le moins!

2) La réussite passe par la répétition.

Le karaté regroupe différents katas, des techniques d’auto-défense qui vous permettent de neutraliser votre adversaire lorsqu’il vous attaque. Le premier kata que l’on enseigne en ceinture blanche (Blocking form 1) est une série de mouvements répétitifs. L’objectif : vous défendre d’un assaillant qui vous agresse avec des coups de poings et des coups de pieds, que ce soit au ventre ou à la tête.

Comment bien maîtriser cette série de mouvements au karaté? Répéter, répéter et répéter. Il n’y a pas d’autre solution. La répétition du kata vous aide à bien maîtriser chaque mouvement, dans le bon ordre, avec précision et surtout avec l’agilité nécessaire.

Au karaté, le karatéka communique avec ses katas. En communication, le kata, c’est le message que vous véhiculez. Si votre argumentaire est mal ficelé et mal préparé, vous risquez de rater votre sortie médiatique, et ce, peu importe la nature de votre enjeu.

Qui n’a pas vu un politicien trop parler lors d’une entrevue, mal livrer son message et gérer une gestion de crise le lendemain qu’il avait lui-même créée de toute pièce?

La clé de la réussite pour bien communiquer, c’est la répétition. C’est en répétant le même message, en choisissant les bons mots (ceux qui vous définissent) et en mettant en valeur vos arguments (ce que j’appelle le packaging) que vous réussirez vos communications stratégiques.

C’est vrai avec les médias si vous propulsez un dossier sur la place publique. C’est aussi vrai si vous mettez de la pression en coulisses auprès des élus avec un enjeu qui vous tient à cœur.

Pour réussir vos communications stratégiques, maîtrisez votre message et martelez.

Comment croyez-vous que les politiciens réussissent à se faire élire? En martelant le même message à répétition.

3) Les détails comptent dans le succès de l’exécution.

Au karaté, chaque détail compte. Face à votre adversaire, une fraction de seconde fait toute la différence entre un coup de poing évité ou un coup brutal qui vous met au plancher. Un seul mouvement d’auto-défense mal exécuté peut vous être fatal lors du combat.

La précision des mouvements au karaté fait la différence. La victoire lors d’un combat passe d’abord et avant tout par l’exécution. C’est la même chose pour vos communications stratégiques. Vous aurez beau avoir planifié la meilleure stratégie médiatique pour faire parler de vous, vous échouerez si vous oubliez et négligez les petits détails. Vous échouerez si vous négligez l’exécution.

Une stratégie mal exécutée peut créer un effet boomerang et nuire à votre réputation comme organisation… alors que vous souhaitiez attirer l’attention pour les bonnes raisons!

Lorsque je fais référence à l’exécution, ça comprend la stratégie médiatique, le positionnement de l’annonce, les messages-clés, les outils de communication, leur diffusion, le choix du porte-parole et surtout le timing.

Les journalistes vont-ils couvrir l’événement? La couverture médiatique sera-t-elle à l’image du message livré?

Bien sûr, des facteurs externes incontrôlables comme une éclipse médiatique peuvent nuire à votre nouvelle. Si vous savez à l’avance que votre sujet ne suscitera pas d’attention au début de la semaine, envisagez le vendredi ou la fin de semaine pour faire parler de vous. Souciez-vous du timing dès maintenant. Timing is everything!

4) Une ceinture blanche n’affronte pas une ceinture noire. Jouez dans votre ligue.

L’erreur lorsqu’on apprend le karaté, c’est de se croire soudainement invincible. On pense que les quelques techniques de combat apprises seront suffisantes pour affronter n’importe quel adversaire. FAUX. Essayez-le avec un karatéka expérimenté et votre adversaire ceinture noire vous mettra au plancher en moins de 5 secondes… et même s’il fait deux fois moins votre âge ou deux fois moins votre poids!

Le parallèle s’applique aux communications et à la soif d’une couverture médiatique exhaustive. Le problème, c’est lorsque l’organisation croit qu’elle obtiendra automatiquement une couverture médiatique très favorable des grands médias du Québec… alors que personne ne la connaît sur la place publique. Lorsqu’un chef d’entreprise croit aveuglément qu’il fera la manchette de la section La Presse + Affaires, les risques de dérapage sont plus grands.

Précision : en pareilles circonstances, il n’y a rien d’impossible si votre entreprise est inconnue et que vous avez une nouvelle d’intérêt publique ou économique majeure à annoncer. C’est possible, mais ce sera plus difficile de vous vendre. Parce qu’on ne vous connaît pas.

Oui, faites parler de vous, mais jouez dans votre ligue. Commencez à faire parler de vous d’abord dans vos médias locaux. Testez vos nouvelles afin de mesurer si elles suscitent un intérêt des journalistes de votre région, mais également des médias économiques.

Acceptez que Radio-Canada, TVA, La Presse et le Journal de Montréal ne s’intéresseront pas à vous. Concentrez-vous sur vos médias régionaux pour produire du contenu médiatique de qualité, mais également pour accroître votre notoriété.

N’oubliez pas que l’article de l’hebdo du coin forge également votre réputation numérique parce que celui-ci apparaît dans les résultats de recherche sur Google…

5) Tout est une question d’attitude : soyez convaincu et convaincant.

Si vous ne vous vendez pas, personne d’autre ne le fera à votre place.

Soyez convaincu et convaincant dans vos communications stratégiques. Si vous sortez sur la place publique avec un dossier ou un enjeu, soyez convaincu et convaincant dans votre approche avec les médias.

C’est vrai au karaté lorsqu’on se place en « position cavalier », prêt à affronter un adversaire. C’est aussi vrai pour votre organisation lorsque vous ferez face aux médias pour passer vos messages et pour vendre votre nouvelle.