Relations médias : oui, les journalistes sont des êtres humains

Avez-vous parfois l’impression que les journalistes manquent de sensibilité lorsqu’ils couvrent un drame ou un événement marquant?

Fait vécu… C’était une belle journée de printemps. En entrant dans la salle des nouvelles ce matin-là, je ne savais pas que cette journée comme journaliste me marquerait. J’étais affecté à un fait divers particulier : un adolescent était décédé subitement dans des circonstances pour le moins étonnantes. Par respect pour la famille, je vais taire les détails.

Tous les journalistes qui couvrent ou qui ont couvert un fait divers vous le diront. Ce qui est le plus difficile dans le métier, c’est d’aller cogner à la porte d’une famille en deuil. Peu importe les circonstances. Peu importe le sexe et l’âge de la victime.

Et aller « cogner à la porte », je l’ai fait plusieurs fois. Pourquoi? Parce que l’événement était d’intérêt public. Parce que le témoignage des proches pouvait « contribuer » à la nouvelle. Parce que je ne pouvais pas prendre la chance qu’un concurrent ait une longueur d’avance.

Le journaliste en quête d’un témoignage de ce genre se réfugie instantanément derrière sa carapace. Et, généralement, il fait preuve d’empathie. Une sincère empathie.

Cette journée-là, j’ai « cogné » à la porte. Le père de la victime, très ébranlé, m’a invité poliment à entrer dans sa maison. La mère de la victime est immédiatement venue à ma rencontre, les larmes aux yeux. Et puis j’ai figé.

Toute la famille était là. Des oncles, des tantes, les frères, les sœurs, etc. Ils étaient une bonne dizaine. Et l’un des membres de la famille (vraisemblablement l’oncle de la victime) s’en est pris à moi verbalement. Il m’a traité de tous les noms. Il était enragé de me voir dans le cadre de porte. Il se retenait pour ne pas « me sauter dessus ».

Je suis demeuré calme. Je n’étais pas agressif ni insistant dans mon approche. J’étais réellement sensible à ce que cette famille vivait. Et pourtant, je comprenais que ces gens-là soient en colère de me voir débarquer dans leur intimité.

Ce jour-là, je n’ai pas réussi à convaincre les parents de la jeune victime de me parler à la caméra. Plus tard, le père et la mère ont accepté de le faire et avec tous les médias.

Je prends la peine de partager cette histoire pour vous rappeler que les journalistes ne sont pas que des relayeurs d’informations. Ils rapportent aussi des émotions. Dans la très grande majorité des cas, ils y sont réellement sensibles.

Gardez en tête que les journalistes sont des êtres humains. Vos relations avec eux sont d’abord et avant tout des relations humaines. Ne l’oubliez jamais.

 

À propos de David Couturier 

David Couturier dirige David Communication, une entreprise spécialisée dans les relations médias, les stratégies et la gestion de crise.

Ex-journaliste et porte-parole expérimenté, David Couturier possède 10 ans d’expérience en communication au Québec. Il a été journaliste pour le réseau TVA pendant 5 ans à Rivière-du-Loup, Québec et Montréal. Par la suite, David Couturier a occupé la fonction d’attaché de presse pendant 4 ans, d’abord auprès du ministre de la Sécurité publique puis ensuite auprès du ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement.

Chaque jour, David Couturier n’a qu’un objectif : aider ses clients avec des stratégies efficaces leur permettant de se démarquer, quel que soit leur défi. 

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